Ituri sous état de siège : pas de droit de présomption d’innocence aux personnes arrêtées ?
Par papy kilongo
Depuis l’avènement de l’état de siège en province de l’Ituri, ou même avant, très souvent des personnes arrêtées par les services de sécurité jouissant encore de la présomption d’innocence se retrouvent exposées par les services de sécurité devant la presse, sans une mesure qui garantisse leur droit. Et cela, avant la décision finale des instances judiciaires compétentes.
Des activités officielles y afférentes sont organisées, si pas au gouvernorat de la province de l’Ituri, c’est au commissariat de la police nationale congolaise (PNC) où ces présumés auteurs des actes criminels sont exhibés devant les caméras de journalistes et parfois devant les téléphones des habitants qui y assistent. Plusieurs des cas, ces images prises lors de ces présentations font le tour de la toile et la une des actualités, alors que les concernés sont encore présumés innocents.
Dans l’objectif d’en savoir plus, l’auditeur supérieur militaire de l’auditorat militaire près la cour militaire de l’Ituri, spécialiste à la matière, à la question de savoir si cette manière est légale, il répond sans avaler les mots « Non, c’est illégale cette manière de procéder».
Le droit à l’information est garanti. La police a tout de même le devoir de présenter différentes personnes à la presse pour informer la population. Mais aussi la police doit donner aux journalistes des preuves pour croire. Mais ce qui est comme inquiétude de l’autre part, c’est que la constitution dans son article 31 garantit le droit à la vie privée. Même si quelqu’un est dans des faits infractionnels, lorsqu’il est encore présumé innocent, il a droit à sa vie privée.
La part de responsabilité des journalistes
Il est vrai que, c’est une erreur grave pour les journalistes de déformer ou dénaturer une information liée aux personnes arrêtées. Pour prendre ce genre d’images, il faut avoir la permission de l’autorité compétente à la matière. Cependant, une conséquence psychologique et sociale sur les victimes c’est aussi une crainte avant le verdict ou même le jugement. Flouter et/ou cacher les visages sont des pratiques que ne font pas régulièrement les journalistes. Pourtant il le fallait.
Apprendre à avoir les alternatives pour éviter de diffuser en répétition ces images, inclut la responsabilité sociale du journaliste. Cette diffusion deviendra un délit si elle continue même après que la personne soit acquittée par la justice.
La part de responsabilité des autorités compétentes
Il est vrai que les journalistes doivent faire quotidiennement leur travail d’informer la population mais les autorités doivent être très regardantes, en empêchant la prise de photos sans autorisation au préalable.
Disons que dans la ville de Bunia, la cellule de communication du gouverneur militaire de la province avait été instruite pour la prise des images et les journalistes devraient recourir aux images que dispose le gouvernorat.
Une bonne manière serait aussi que le présumés bandits présentés à la presse soient photographiés par derrière pour préserver leur dignité et respecter au même moment leur présomption d’innocence. Au besoin, couvrir leurs figures par des casques ou autre moyen, dans le but de respecter leurs droits.
Rédaction
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