La deuxième guerre ethnique en Ituri (de l’Ituri)?
Par Ki
En mars 2020, je discutais avec un diplomate arrivé en fin mission au Congo, il me dit :
“Mon cher, je ne comprends pas comment les deux communautés ne sont pas entrées en guerre.”
Car toutes les conditions pouvant déclencher une guerre ethnique etaient visiblement remplies.
D’un côté, il y a le passé belliqueux récent, avec des blessures non encore cicatrisées entre les deux peuples. De l’autre côté, un stratagème savamment orchestré pour manipuler ces deux communautés au nom de leur histoire commune. On dirait que quelqu’un voulait vraiment voir l’Ituri en cendre et fleur de sang.
C’est logique de supposer qu’au nom de leur passé commun, la rivalité lentente ( guerre froide) si l’on annonce à la communauté X que c’est un membre de la communauté Y qui aurait tué leur frère; sans réfléchir elle ripostera de sorte à porter le conflit au niveau communautaire.
A la grande surprise de tout le monde (observateurs et instigateurs) les choses ne se sont pas passées comme prévues. C’était bien parti pour une sanglante guerre ethnique dans le Djugu.
Ce que les instigateurs n’avaient peut-être pas bien calculé, c’est qu’une guerre ne peut fonctionner que si les trois personnes ici acceptent d’y aller.
- Une guerre a besoin d’intellectuels (idéologues). Ce sont les personnes qui définissent les raisons et motivations pour aller en guerre.
- Une guerre a besoin de l’énergie (la jeunesse). Les jeunes sont physiquement forts, ils sont disponibles avec un esprit qui peut être manipulé.
- La guerre a besoin des moyens financiers. Au delà des instigateurs, il faut l’implication des hommes et les femmes d’affaires de la place. Car, il faudra blanchir l’argent de la guerre et camoufler la logistique non officielle de la guerre à travers leurs transactions régulières.
Pour le cas de l’Ituri, les deux premières personnes étaient déjà prêtes et motivées. Le point commun de ces deux catégories, c’est qu’ils ne savent pas calculer les risques. Mais l’homme d’affaires dont la survie dépend de sa capacité à évaluer le rapport investissement-risque-rentabilité ont réalisé combien une guerre nous coûterait plus qu’elle ne nous rapporterait.
Une guerre on sait quand elle commence, mais jamais comment et quand elle se termine. Personne ne peut prédire les domages que peut causer une guerre.
Alors, peu importe la connotation que l’on puisse donner à une guerre; elle ne pourra servir qu’une bande d’incompétents et frustrés à accéder au pouvoir. Ce qui serait encore apocalyptique.