Société: faut-il, oui ou non, donner le code ou schéma de son téléphone à son (ou sa) partenaire ?
Par Kaïse Mug
Ce questionnement a plusieurs raisons d’être répondu par un Oui ou par un Non, selon les avis des personnes interrogées. Dans une relation de couple, le téléphone portable est souvent objet de discorde. Certains couples en viennent même aux mains lorsque l’un des conjoints prend l’initiative de vérifier les conversations de l’autre dans son téléphone.
Aujourd’hui dans notre société, le téléphone portable est l’équivalent d’un coffre-fort dans lequel nous gardons parfois nos secrets les plus intimes. Une raison pour laquelle, certains considèrent, son accès en dehors de son propriétaire comme étant une violation de la vie privée.
La peur de l’infidélité et la jalousie
Madame Jeanne Ndjangusi, responsable du bureau Genre, famille et enfants dans la commune de Mongbwalu en territoire de Djugu évoque la théorie de la «peur de l’infidélité» et «la jalousie», deux facteurs clés qui font que certains hommes ou femmes vivant en couple, éprouvent le besoin de fouiller dans le téléphone de leurs partenaires. Ils sont tentés de vouloir chercher des preuves pour confirmer ou infirmer des doutes qu’ils ont sur leurs partenaires qu’ils soupçonnent d’entretenir des relations extra-conjugales.
Pour éviter toute discorde dans un foyer par exemple, pour raison de transparence, elle propose que le couple se communique le code secret de téléphone.
« C’est important que le code secret de téléphone de l’homme soit connu par sa femme et celui de la femme soit à la portée de son homme, parce qu’ils sont considérés comme une seule personne, dès lors qu’ils vivent ensemble. Quand l’homme cache le code à sa femme et vice-versa, ça prouve qu’il n’y a pas de transparence dans le couple. Chacun préfère gérer en privé ses affaires. Croyez-moi, l’incompréhension peut surgir à tout moment dans des couples pareils », a-t-elle indiqué.
Élie Kakule, un jeune marié vivant au quartier Dépôt, est de même avi que le code secret soit partagé. « Oui, je peux donner le code de mon téléphone à ma femme pour qu’elle soit rassurée de son utilisation saine et responsable par son mari que je suis. Je dis ça parce que le téléphone aujourd’hui détruit des foyers, alors je ne veux pas être parmi les victimes. », nous avoue-t-il.
Maman Notadoe Esther, appelée affectueusement «Ma Estha», mère de quatre enfants, pour elle, le partage de code de son téléphone, est un test de confiance entre époux et épouse. Celui qui ne voudra pas le partager à l’autre, attirera également la curiosité de l’autre sur les raisons de son refu.
« Pour moi, ça ne pose pas problème de montrer à mon mari le code de mon téléphone. Si je ne le fais pas, cela va attirer son attention sur moi et voudrait même le prendre par la force. »
A la question de savoir si son mari connaît le code de son téléphone, et si elle aussi connait le schéma de téléphone de son mari, Madame Notadoe répond :
« Pourquoi pas ! Il le connaît. D’ailleurs c’est lui qui avait mis le schéma comme les enfants aiment trop jouer avec mon téléphone. Parfois c’est lui qui le ramène à la charge. Moi aussi je connais son code, peut-être qu’il l’a déjà changé mais je connais son code. Quand mon téléphone était tombé en panne, il avait mis ma sim dans son téléphone ».
Mon téléphone, ma liberté, mon intimité
Par contre, monsieur Didier, creuseur artisanal de l’or, marié et père d’une petite fille, déclare sans mancher ses mots que
« ce n’est pas possible que je montre le code de mon téléphone à ma femme. Parce que, ce qui peut l’intéresser, ce sont mes contacts, mes messages, savoir qui est-ce que j’ai appelé, qui m’à appelé et pourtant j’ai aussi droit d’avoir mes propres relations qu’elle n’est pas censée savoir.
Malgré son refus, il voudrait néanmoins garder un œil sur ce que fait sa femme avec son téléphone.
« Mais, je suis quand-même le mari et [de surcroît] chef de la famille. Je dois savoir ce qu’elle fait de son téléphone. Lorsque je constate du suspects dans ses mouvements, je récupère son téléphone et j’exige le schéma pour que je vérifie. Avec violences ou pas », a-t-il argumenté.
Lydie Kazambua, une jeune femme de 21 ans, mère d’un enfant pense que tout celui qui n’a pas des choses à cacher ne trouverait pas d’anormal de partager le code secret de son téléphone.
« Avec le père de mon enfant on se battait souvent à cause de téléphone. Il voulait vérifier mon téléphone tous les jours mais moi je n’avais pas le droit de toucher même à son téléphone. Quand il voulait vérifier mon téléphone, moi aussi je demandais le sien en échange, et c’était le combat dans la maison. »
Refuser de partager le code secret de son téléphone ne signifie pas forcément qu’on cache quelque chose qui ne va pas peut-être plaire à l’autre. Je trouve seulement important que chacun puisse avoir un espace d’intimité. D’ailleurs, si on veut se cacher des choses, même quand on s’est déjà partagé des codes de téléphone, on trouvera toujours le moyen de le faire.
